- épouvantail
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• XIIIe; de épouvanter1 ♦ Objet qu'on met dans les champs, les jardins, les arbres pour effrayer les oiseaux et les empêcher de manger les graines, les fruits. Épouvantail en forme de mannequin recouvert de haillons. Des épouvantails à moineaux.♢ Fig. Personne très laide ou habillée ridiculement. ⇒ horreur. Quel épouvantail !2 ♦ Fig. Objet, personne qui inspire de vaines ou d'excessives terreurs. ⇒ croquemitaine, spectre. Mettre en avant l'épouvantail de la guerre, du chômage.épouvantailn. m.d1./d Objet destiné à effrayer les oiseaux dans un champ, un verger, un jardin. Des haillons sur une perche peuvent servir d'épouvantail.d2./d Fig. Personne très laide, très mal habillée.d3./d Fig. Objet, personne qui effraie sans cause réelle.⇒ÉPOUVANTAIL, subst. masc.A.— Objet ayant le plus souvent la forme grossière d'un mannequin vêtu d'oripeaux, placé en évidence dans les champs ou les jardins pour détourner les oiseaux et les empêcher de s'attaquer aux semences et cultures. Épouvantail à oiseaux, à moineaux; mettre des épouvantails sur les cerisiers. Il faut mettre là un épouvantail (Ac. 1878, 1932). Femmes et enfants sont enrôlés pour nettoyer les champs et pour aider à la récolte, tandis que les plus petits jouent le rôle d'épouvantails (LOWIE, Anthropol. cult., 1936, p. 45). Une jaquette d'alpaga trop large, pendue à ses épaules maigres comme des hardes à un épouvantail (MARTIN DU G., Thib., Été 14, 1936, p. 341).— P. anal. et fam. ,,C'est un épouvantail à moineaux, ou simplement, c'est un épouvantail. Se dit d'une personne habillée ridiculement`` (Ac. 1932). Il [Gourgaud] ne regrettait pourtant rien, sauf de ne pas avoir pu rejoindre cet épouvantail de Bourin (MAGNANE, Bête à concours, 1941, p. 412).♦ [Dans des apostrophes plus ou moins injurieuses] Tiens ton cheval, crie la laveuse, tiens-le, fils de ta mère. — C'est ton savon, épouvantail de figuier (GIONO, Gd troupeau, 1931, p. 146).B.— Au fig. [En parlant de pers. ou de choses, d'idées d'institutions, etc.] Ce (celui) qui inspire de vaines ou, d'excessives terreurs, ce qui fait horreur ou inquiète fortement, parfois sans raison. (Quasi-)synon. croquemitaine, hantise. Dans ce lieu morne [la Bastille] La minute est bourreau, l'heure est épouvantail (HUGO, Fin Satan, 1885, p. 933). Il y a une centaine d'années, l'acte chirurgical était encore un épouvantail, un suprême recours (VALÉRY, Variété V, 1944, p. 44) :• 1. Pour le moment, elle se trouve en train d'accoucher. La catastrophe, la vérole et l'enfant, les deux épouvantails de la profession. On échappe rarement à l'un et à l'autre péril; souvent on les additionne.ARNOUX, Crimes innoc., 1952, p. 185.— Ce qui est mis en avant, ce qui est utilisé pour effrayer. (Quasi-)synon. fantôme, spectre. Chut!... il n'y a pas de colonel... Mais il me fallait un épouvantail pour maintenir mon mari dans le devoir (LABICHE, J'invite le colonel, 1860, III, 6, p. 346). Les fameux condamnés à mort sont des épouvantails et des marionnettes inventés par les pires politicailleurs (DUHAMEL, Maîtres, 1937, p. 154) :• 2. Mais des « types » encore plus grossièrement bâtis, les schémas les plus simples, le héros positif et irréprochable et le traître, feront même mieux l'affaire, étant pour ces masses, dont ces romanciers sous-estiment la sensibilité et la lucidité, des miroirs à alouettes magnifiques ou de très efficaces épouvantails.SARRAUTE, Ère soupçon, 1956, p. 152.Prononc. et Orth. :[
]. Ds Ac. 1694-1932. Au plur. des épouvantails. Étymol. et Hist. 1180-90 espoëntaus (A. DE PARIS, Alexandre, éd. ds Elliott Monographs, 555); 1556 fig. « ce qui épouvante, terrifie » (RONSARD, Hymne de Pollux et de Castor, 306 ds Œuvres complètes, éd. P. Laumonier, t. 8, p. 306). Dér. du rad. de épouvanter; suff. -ail. Fréq. abs. littér. :134. Bbg. STEINER (A.). An unnoticed evidence of French argot in the early thirteenth century. Mod. Lang. Notes 1943, t. 58, pp. 121-125.
épouvantail [epuvɑ̃taj] n. m.ÉTYM. Fin XIIe, espoëntaus; espoentail (XIIIe); de épouvanter.❖1 Objet placé dans les champs, les jardins, les arbres pour effrayer les oiseaux et les empêcher de manger les grains, les fruits. ⇒ vx Babouin. || Épouvantail en forme de mannequin, fait d'une perche ou de deux perches en croix, recouvertes de haillons. || Épouvantails en chiffons flottants, en papier métallique (rubans, têtes de chat, etc.) qu'on accroche aux branches des arbres, aux rames des petits pois. — Épouvantail à oiseaux, à moineaux.1 Pensez-vous que je sois un mannequin, et que je me promène sur la terre pour servir d'épouvantail aux oiseaux ?A. de Musset, les Caprices de Marianne, II, 9.2 (Il) s'avançait, de son pas sautillant, dans une jaquette d'alpaga trop large, pendue à ses épaules maigres comme des hardes à un épouvantail.Martin du Gard, les Thibault, t. VI, p. 189.♦ ☑ Loc. (vx). C'est un épouvantail à chènevière, une personne moins redoutable qu'elle ne le paraît.3 (…) Ils (les enfants) ont la jeunesse et les forces en la main (…) et reçoivent avec moquerie ces mines fières et tyranniques d'un homme qui n'a plus de sang ni au cœur ni aux veines, vrais épouvantails de chènevière.Montaigne, Essais, II, VIII.2 (1954, in D. D. L.). Personne laide, habillée ridiculement. ⇒ Horreur. || Quel épouvantail (à moineaux) !4 Un vrai monstre amphibie, un triste épouvantail.3 (XVIe). Abstrait. Objet qui inspire de vaines ou d'excessives terreurs. ⇒ Croquemitaine, fantôme, spectre. || Un épouvantail pour les bourgeois, à bourgeois, l'épouvantail des bourgeois, des familles.5 (Théramène) n'est pas seulement la terreur des maris, c'est l'épouvantail de tous ceux qui ont envie de l'être (…)La Bruyère, les Caractères, VII, 14.6 Il nous convient d'extirper ces chimères Épouvantail d'enfants et de grand-mères.6.1 (…) quelqu'un avait envoyé à sa mère une longue lettre anonyme, pour la prévenir qu'il se perdait avec une femme mariée; et aussitôt la bonne dame, entrevoyant l'éternel épouvantail des familles, c'est-à-dire la vague créature pernicieuse, la sirène, le monstre, qui habite fantastiquement les profondeurs de l'amour, écrivit à maître Dubocage, son patron (…)Flaubert, Mme Bovary, Folio, p. 375.♦ Ce qu'on met en avant, ce qu'on utilise pour effrayer. ⇒ Croquemitaine. || Prédicateur qui agite l'épouvantail de l'enfer.7 Que tout ce qu'on leur prêche d'un avenir n'est qu'un épouvantail pour alarmer les enfants et le peuple (…)❖CONTR. Apprivoiseur. — Appât.
Encyclopédie Universelle. 2012.